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Report de l’élection présidentielle au Sénégal : une tentative d’éviter le chaos ?

Baudouin de Petiville

Le samedi 3 février, le président Macky Sall annonçait l’abrogation du décret fixant le scrutin présidentiel au 25 février prochain, repoussant ainsi l’échéance de son mandat au 2 avril 2024. Cette décision controversée intervient dans un climat politique tendu.

Emeutes au Sénégal le 4 février 2024
Emeutes au Sénégal le 4 février 2024 Stefan Kleinowitz/AP/SIPA

« Depuis quelques jours, notre pays fait face à un désaccord entre l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, exacerbé par des accusations de corruption de juges », a expliqué le président Macky Sall.

Le Président a annoncé le réaménagement du calendrier électoral, en prenant acte de la volonté d’annulation du décret prévoyant les élections présidentielles pour fin février. L’objectif affiché est d’éviter un contentieux électoral. Cette décision bénéficie du soutien du Parti démocratique sénégalais (PDS), dont le candidat Karim Wade a été écarté de la course en raison de sa double nationalité franco-sénégalaise. Macky Sall s’appuie notamment sur le précédent de 1967, quand l’élection prévue en décembre avait été reportée au mois de février de l’année suivante. En parallèle, le chef de l’exécutif réaffirme sa volonté de ne pas se représenter. Ce report électoral a suscité de l’incompréhension sur les scènes politiques intérieure et  internationale.

Le report de l'élection présidentielle survient dans une période de forte tension entre l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, dans un contexte politique particulièrement sensible marqué par un risque élevé de contestation. En janvier, le Conseil constitutionnel a approuvé un nombre record de vingt candidatures, tout en en rejetant une dizaine d’autres. Deux figures de premier plan de l'opposition ont été écartées : le populiste Ousmane Sonko et Karim Wade, ancien ministre et fils de l'ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012).

 « Victoire décisive contre un coup d’état électoral »

Ousmane Sonko, condamné pour corruption de la jeunesse et faisant face à des accusations de viol et menaces de mort envers une employée de salon de massage, s’est vu refuser le droit de se présenter aux élections. Cette décision a déclenché des manifestations violentes qui ont fait 16 morts. Le 4 décembre dernier, la justice rejette la caution et annule la radiation des listes électorales du candidat.

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Baudouin de Petiville est consultant en intelligence économique. Connaisseur de l'Afrique et du Moyen-Orient, il se spécialise sur les questions de défense et sécurité, d'infrastructures, de mines et d'énergie.


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