Les blogs
Partagez vos faits
L’agriculture est un sport de combat
Je suis paysan mais je suis aussi ceinture noire de judo. Lors d’un combat de judo, on se retrouve face à un adversaire qui a exactement le même objectif : vous faire chuter sur le dos, vous soumettre en vous étranglant ou en cassant une de vos articulations. Mon métier étant très prenant, je n'ai plus le loisir de pratiquer le judo depuis plusieurs années mais je suis heureux d’avoir été entraîné à me battre car l’agriculture est un véritable sport de combat. Tous les jours je dois me relever de chutes, résister à des étranglements ou des clés de bras.
Qui sont mes adversaires ? Quels sont les combats que je dois mener au quotidien ?
Combat n°1 : l'étranglement de la bêtise humaine
Travailler avec la nature, je l’ai choisi, c’est mon métier et je ne changerais pour rien au monde. Je pense sincèrement que mon métier est un des très rares aujourd’hui à avoir du sens. En revanche, travailler avec une nature détraquée par la bêtise humaine, ce n'est pas normal.
Travailler dans mes champs lorsqu’il fait 40 °C, cela m’a été imposé à cause de la bêtise humaine. Travailler avec des plants de vignes qui ont à peine 15 ans d’espérance de vie, ce n’est pas normal non plus. Cette impasse a été orchestrée par nos administrations incapables de comprendre la nature. Nos plants de vignes sont conçus dans les laboratoires de l’Inrae et ne sont pas viables dans nos parcelles. Cela semble évident mais nos représentants ne l'ont toujours pas compris.
Travailler avec des semences de blé, d’orge, de maïs imposées par des groupes qui réalisent plusieurs milliards de chiffres d'affaires est une soumission. Ce sont ces mêmes groupes qui nous vendent les pesticides et les engrais pour que ces semences ne crèvent pas au bout d’une semaine. Enfin, ce sont également ces mêmes entreprises qui menacent de ne pas acheter notre production si nous ne suivons pas leur cahier des charges.
Combat n°2 : La chute sur le dos de la commercialisation
Vous avez l’impression que vos courses coûtent cher. Les politiques se gargarisent en faisant des annonces absurdes sur votre pouvoir d’achat pour renforcer la confiance de leur électorat. Je travaille 80 heures par semaine. Je ne prends pas de vacances. Je ne connais pas les jours fériés. Congés paternité et arrêts maladies ne font pas partie de mon vocabulaire.
Bien que je fournisse un travail qui serait...
À lire aussi
Commentaires