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La censure en science et ses motivations idéologiques
PNAS, le prestigieux journal de la non-moins prestigieuse National Academy of Science des Etats-Unis, a publié le 20 novembre un article intitulé « Prosocial motives underlie scientific censorship by scientists...» (Les motivations prosociales sous-tendent la censure scientifique par les scientifiques...). Il a été écrit par 38 auteurs*, dont la grande majorité vivent aux États-Unis. Il entend explorer « les causes et les conséquences sociales, psychologiques et institutionnelles de la censure scientifique (définie comme des actions visant à empêcher des idées scientifiques particulières d'atteindre un public pour des raisons autres que la faible qualité scientifique) ». On pense bien sûr à la cancel culture du wokisme et ma première réaction a été la surprise que PNAS, qui s’est lui-même wokisé**, ait accepté cet article. Que contient-il ?
L’article rappelle que « le principe fondamental de la science est que les preuves – et non l'autorité, la tradition, l'éloquence rhétorique ou le prestige social – doivent triompher ». Cet engagement fait que la science peut remettre en question les mythes les plus sacrés, les croyances les plus ancrées et les récits socialement dominants. La science peut donc parfois susciter l'hostilité et la censure.
Les auteurs de l'article rappellent ainsi le cas de Galilée, qui a affirmé que la terre tournait autour du soleil, et non l’inverse, ce qui lui valut une condamnation par l'Église et une persécution menée par des professeurs, ce qui a fait que « le contrat de Galilée n'a pas été renouvelé à l'université de Pise et, après avoir subi l'hostilité de ses pairs, il a quitté le monde universitaire, qu'il considérait apparemment comme désespérément non scientifique ». Et d'ajouter : « Du XVIe au XVIIIe siècle, les censeurs de l'État (souvent des universitaires eux-mêmes) révisaient et rejetaient les manuscrits selon un système similaire à l'évaluation par les pairs », dont les critiques ne portaient pas seulement sur la qualité, mais aussi sur la crainte de susciter des réactions négatives chez certains.
Le troisième exemple cité est celui du « rapport Kinsey », en fait deux ouvrages scientifiques pionniers sur le comportement sexuel humain, des hommes dans un tome (1948) et des femmes dans l’autre (1953). Les deux livres ont connu le succès et suscité la controverse, y compris dans la communauté scientifique. Leur méthodologie était certes faible, mais ils remettaient surtout en cause des croyances sur la sexualité et abordaient des sujets tabous. Certains psychologues dénoncèrent « une influence corruptrice sur les jeunes, les influençables, les faibles... ». Certains (une minorité) souhaitèrent même que ces recherches soient censurées.
L’autocensure dans l’article de PNAS sur la censure
Après...
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