François Ruffin : entre insoumission et ambition présidentielle ?

François Ruffin a-t-il le costume d’un présidentiable ? Lorsque le député Insoumis s’exprime, son ton diffère du politique « classique » au vocable policé, à la communication bien rôdée, sans trébuchement. Au contraire, cet élu picard adopte un langage émotif, au bord du vacillement, avec des touches d’hésitations. À l’heure où la fracture entre le citoyen et le politique s’aggrave, cette attitude n’est-elle pas l’une de ses forces ? Une sincérité se dégage au diapason des angoisses de la France périphérique. François Ruffin représente le galérien, tel un David contre Goliath dans certains de ses combats.

Dès ses débuts professionnels dans le journalisme en 2003, il écrit un livre remarqué : Les petits soldats du journalisme. Il y dénonce le formatage et la marchandisation de l’information, critiquant la logique libérale dans les médias, celle de « vendre du papier comme on vend des poireaux » [1]. Il fonde ensuite un journal de ses propres mains, avec des moyens modestes, Fakir. Au fil du temps, il donne l’image d’un défenseur du petit peuple, des plus précaires, à l’instar de son film césarisé Merci Patron ! en 2016, épinglant dans celui-ci le milliardaire et PDG de LVMH Bernard Arnault.

Un ambassadeur de la France périphérique ?

Candidat aux législatives de 2017, François Ruffin promet d’être un « député smicard ». Élu avec le soutien de La France insoumise (LFI), il met ses paroles en acte en réduisant son indemnité de parlementaire à 1 200 euros net. Mesure démagogique pour certains – François Ruffin tirant des revenus complémentaires de ses activités audiovisuelles et littéraires, cet acte demeure original et détonne à l’Assemblée.

Ses prises de position sont parfois fantasques, François Ruffin imprime sa marque. Il arpente les usines à la rencontre de salariés en difficulté, défend certaines populations peu médiatisées comme les femmes de ménage à l’Assemblée, les aides-soignants...