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Faux tests de détection du glyphosate : de l’instrumentalisation des médias au harcèlement d’une journaliste
Le premier article de ce blog consacré au glyphosate décryptait les enjeux politiciens autour de la réautorisation de cet herbicide dans l’Union européenne. Le deuxième montrait les manipulations autour des allégations sur sa cancérogénicité. Le présent donne la parole à Michel Vaudour, agriculteur et responsable du dossier pour la FNSEA CVL, et JeanYves Chauveau de l’hebdomadaire agricole Terre de Touraine, chevilles ouvrières du collectif intitulé Notrefuturdansleschamps qui a réfuté la campagne qui visait à accréditer que le glyphosate contamine toute la population. André Heitz, ingénieur agronome et fonctionnaire international à la retraite, nous explique pourquoi il ne fait pas toujours bon de dire la vérité sur ce dossier…
Marcel Kuntz : Comment la campagne de désinformation a-t-elle démarré ?
Jean-Yves Chauveau : Son principe a été conçu dès 2014 en Allemagne. Elle visait à mettre en difficulté le BFR, équivalent de l’Anses française, nommé pour l’expertise du renouvellement du glyphosate en 2016.
Les opposants avaient besoin d’un outil qui frappe l’opinion. Monica Kruger, militante et directrice du laboratoire privé d’analyse vétérinaire Biocheck avait connaissance d’un test vendu par la société Abraxis. Il alerte sur la potentialité de présence du glyphosate dans l’eau ou l’urine. Il utilise la méthode Elisa, peu coûteuse, basée sur des anticorps. Mais d’autres molécules, inconnues, réagissent et produisent des faux positifs (un « bruit de fond »). Le fabricant fixe donc un seuil de détection. Si la valeur affichée est en deçà du seuil, c’est du « bruit de fond » ; le fabricant indique alors : « Absence de glyphosate ». Au-delà, pour faire la part entre le « bruit de fond » et le glyphosate : « présence à contrôler par une technique de confirmation » (la méthode fiable est la chromatographie couplée à la spectrométrie de masse). En respectant ce protocole, la mesure finale chez les européens indique simplement des traces dans 15 à 25 % des cas, avec des valeurs proches du seuil de détection. Ce n’était apte à créer une campagne anxiogène.
Qu’à cela ne tienne, en 2014, M. Kruger s’est autorisée à rabaisser le seuil de l’urine à celui de l’eau (8 fois plus bas) et à transformer l’outil d’alerte en un outil de quantification directe. Pour valider la manœuvre, elle a publié une « étude » dans une revue scientifique en sélectionnant 13 valeurs parmi plus de 400. Biocheck prend la précaution juridique d’indiquer que la procédure est « nicht adkrediertes » (pas accréditée) en bas de ses analyses.
Cela leur a permis d’afficher 99,6 % de résultats positifs en 2016 dans une campagne...
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