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Comme un papillon
Pour moi, la vie a un sens. Et, si la vie a un sens, la souffrance aussi en a un, même si elle peut paraître révoltante, et même incompréhensible. Amos Oz l'a écrit : « La souffrance est une île de certitude dans un océan d'incertitude. » Oui, la vie a un sens. Rien n'arrive par hasard. Ni le meilleur, ni le pire. Il y a deux façons d'appréhender la souffrance. Soit on la brandit comme un paravent derrière lequel on se cache pour tout excuser. Soit on la porte comme un étendard, une bannière qui nous rend plus fort que les autres.
![Papillon](https://images.factuel.media/qPwtn-sI0-Jz0Upqa56Fw6F32a0=/3840x0/smart/filters:quality(60):max_bytes(300000)/factuel/2023/10/SIPA_sipausa30379085_000002.jpeg)
Rien n'arrive par hasard. J'ai connu des meilleurs et j'ai connu des pires, ces pires dont il est si compliqué de se relever. Ces pires qui étouffent, qui détruisent les enfances et qui bouffent nos rêves. Le pire, pour moi, avait le visage de mon frère, son haleine puante le matin quand il venait plaquer son corps de géant contre le mien.
J'ai cru que ces pires m'empêcheraient de vivre, d'avoir droit au meilleur. J'ai cru que je n'aurai plus jamais la force de croire en moi. Quand ces pires-là vous dévorent l'âme, vous affaiblissent chaque jour un peu plus, c'est quoi le remède ? Est-ce qu'il y a un médicament contre tout ce que ces pires détruisent ? Parfois, il nous semble plus simple de nous laisser couler. Parce qu’on est fatigué. Fatigué de faire comme si. Fatigué de porter un masque et finir par ne plus savoir qui nous sommes, ne plus se ressembler.
J'ai passé du temps à me morfondre, à me complaire dans cet état de victime. Je n'allais pas bien car j'étais une victime. Et parce que j'étais une victime, je devais aller mal. Un terrible engrenage, avec cette certitude que rien, personne, jamais, ne pourra, ne saura nous en extraire. Ne rien faire. Ne rien me demander. Être forcément pardonné quoiqu'on dise, quoiqu'on fasse, parce qu'on est une victime.
C'est confortable. C'est rassurant. Mais ça ne nous fait pas aller mieux. Au contraire ! À la honte de ce que nos agresseurs nous ont fait ; à la culpabilité de ne pas avoir su les en empêcher ; à l'asphyxie de nos silences se rajoute cette sensation d'être prisonnier d'une chrysalide dont jamais nous ne pourrons sortir. On ne vit plus. On meurt lentement... Je sais à quel point c’est compliqué de sortir de tout cela. D’imaginer...
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