Malaisie

Quand la religion et le nationalisme s’allient pour réduire au silence les voix dissidentes

7 min

Je ne m’attendais pas à ce que la tournée promotionnelle que j’ai effectuée à l’occasion de la sortie de mon dernier livre en Malaisie se terminerait par une confrontation avec des hommes se présentant comme des policiers dans un aéroport de Kuala Lumpur.

Malaisie
Rassemblement d’islamistes malaisiens en faveur de la charia, 20 novembre 2023, Kuala Lumpur.Zahim Mohd/NurPhoto via Getty Images

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.


Je suis arrivé dans ce pays à majorité musulmane au début du mois de janvier 2024 pour promouvoir la traduction en malais de mon livre Islam, Authoritarianism, and Underdevelopment, une analyse académique des crises politiques et socio-économiques auxquelles sont aujourd’hui confrontées de nombreuses sociétés musulmanes, déjà traduite dans une douzaine de langues dont le français.

En Malaisie, ma visite a attiré une attention dont je me serais bien passé. Certains conservateurs et islamistes m’ont qualifié de « libéral » sur les réseaux sociaux – un terme utilisé par l’Agence fédérale malaisienne, qui administre les affaires islamiques, pour désigner ceux qui s’opposent à la religion officielle, l’islam sunnite. Cela a été suivi par l’annulation du lancement de mon livre.

J’ai néanmoins pu mettre en œuvre une partie de mon programme prévu en participant à d’autres discussions publiques autour de mon livre. Deux hommes se présentant comme des officiers de police sont venus à mon dernier événement et ont interrogé mon éditeur. Le lendemain, à l’aéroport international de Kuala Lumpur, alors que je devais prendre un vol pour le Pakistan, les mêmes hommes m’ont interrogé et ont tenté de confisquer mon passeport. Inquiet pour ma sécurité, j’ai annulé une série d’entretiens prévus à Lahore et Islamabad et je suis rentré aux États-Unis.

Lorsque l’incident de Kuala Lumpur a été relaté dans les médias malaisiens, l’inspecteur général de la police malaisienne a nié que des agents avaient été envoyés pour m’interroger. Pourtant, un groupe de défense des droits de l’homme a demandé une enquête plus approfondie sur mon cas.

En tant que spécialiste de l’histoire comparée de la religion et de la politique, je sais que ce...

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